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AU DELÀ DE LA GUIGNOLÉE! LETTRE OUVERTE DES GROUPES EN DÉFENSE COLLECTIVE DES DROITS DE LA MONTÉRÉGIE

Lettre ouverte à :

Monsieur Philippe Couillard, Premier ministre du Québec
Monsieur François Blais, ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale du Québec

Messieurs,

Les organismes communautaires en défense collective des droits de la Montérégie sont inquiets de l’avenir que votre gouvernement leur réserve. Votre décision de renouveler le financement de ces organismes pour une très courte période, soit dix-huit mois plutôt que trois ou quatre ans tel que promis, nous interpelle quant à vos intentions futures face à ces organismes qui ont largement contribué au modèle québécois fondé sur les droits humains, l’égalité et la justice sociale.

 

Nous aimerions vous rappeler le rôle essentiel que jouent nos organismes dans nos communautés respectives.

La plupart de nos organismes ont été créés dans les années 80 afin de permettre aux personnes et aux familles à faible revenu de mieux connaitre leurs droits et de les faire valoir auprès des décideurs publics. Ils ont permis à de nombreuses personnes et familles d’avoir accès à un soutien du revenu lors de perte d’emploi ou de maladie, à des conseils en matière de consommation et de budget, à des services adaptés et la reconnaissance des droits des personnes handicapées, à un logement décent, à la lutte pour l’égalité des femmes, etc. Les groupes de défense collective des droits ont ainsi contribué à la lutte contre la pauvreté et à la démocratie au Québec.

Dans le contexte actuel d’austérité, nous aimerions vous rappeler que moins de 38% des chômeurs se qualifient actuellement à l’assurance-emploi, que les familles québécoises sont endettées à plus de 160% de leurs revenus, que les travailleurs et travailleuses au salaire minimum n’atteignent même pas le seuil de faible revenu établi par statistiques Canada, que l’accessibilité à l’aide sociale, aux soins de santé et à l’éducation est réduite. Doit-on aussi rappeler que la hausse des tarifs des services (hydro, garderies, frais scolarité, etc) contribue aux reculs historiques des droits en cours actuellement?

Faut-il rappeler, en cette période de guignolée, que l’appauvrissement collectif est tel que les banques alimentaires sont non seulement fréquentées par des itinérants ou des personnes assistées sociales mais aussi par des travailleurs et travailleuses à temps plein! Que ces familles malgré la générosité des plus nantis vivent dans la faim non seulement à Noël mais durant toute l’année? La détérioration des conditions de vie des personnes et des familles s’accompagne trop souvent de la détérioration de leur santé mentale. Nos organismes en défense collective des droits en sont, chaque jour, les témoins privilégiés!

Avec le peu de moyens qu’ils possèdent (une moyenne de 49,000$ par an/ par groupe), les organismes en défense collective des droits de la Montérégie portent à bout de bras la promotion et la défense des droits sociaux et économiques. Ils tentent de répondre et de soutenir les personnes et les familles de notre région dans leurs démarches pour l’amélioration de leur condition de vie et de travail.

Ces organismes que vous semblez vouloir balayer sous le tapis appartiennent à chacune des communautés du Québec et sont garants d’une démocratie vivante et forte au Québec. La politique gouvernementale en matière d’action communautaire adoptée en 2001 a reconnu le rôle essentiel de ces groupes :

« Plusieurs des transformations sociales sont nées des luttes du mouvement communautaire au Québec. […] Les organismes qui la composent ont ainsi joué un rôle important dans l’évolution de la défense collective des droits au Québec. Le gouvernement du Québec reconnait l’apport particulier et essentiel des organismes à la vitalité du débat démocratique entourant les problématiques liés à l’exercice des droits fondamentaux et plus spécialement des droits sociaux. » (p 28)

 Messieurs Couillard et Blais, nous vous demandons d’annoncer publiquement, et ce dans les plus brefs délais, le maintien et le rehaussement du financement des organismes en défense collective des droits du Québec, reconnaissant par le fait même le travail exceptionnel des personnes qui œuvrent au sein de ces organismes dans des conditions trop souvent de précarité.